Rouille, boosters et confiance lunaire
Entre passé et futur, le Kennedy Space Center (KSC) continue de s’écrire en grand. La capsule Orion est prête, Artemis 2 se façonne, et dans le VAB, la rouille côtoie les échafaudages neufs. Pas de stress, juste une mission claire : retourner sur la Lune, avec ou sans Starship en embuscade.
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[Cape Canaveral, March 8, 2025] – Ce vendredi 7 mars, nous avons eu l’opportunité de visiter le Neil Armstrong Operations and Checkout Building (O&C), un édifice emblématique du Kennedy Space Center (KSC). Connu à l’origine sous le nom de Manned Spacecraft Operations Building, il a été rebaptisé en hommage à Neil Armstrong en 2014. Ce bâtiment a joué un rôle clé dans l’histoire spatiale, accueillant l’intégration et les tests des modules lunaires et de commande Apollo dans les années 1960, avant de servir aux missions Skylab et Apollo-Soyuz dans les décennies suivantes.
Aujourd’hui, il est entièrement modernisé pour l’assemblage et les essais du vaisseau Orion, et c’est précisément là que nous avons pu voir la capsule Orion totalement assemblée sur son module de service européen (ESM), fourni par l’ESA. Une image forte, d’autant plus frappante que j’avais assisté aux tout premiers assemblages de cette capsule. En franchissant les portes de cet immense hall immaculé, le contrôle de sécurité s’est révélé encore plus strict que d’habitude – un détail qui en dit long sur l’importance des opérations en cours.
Enfermé dans une imposante structure
Puis, nous avons eu la chance d’entrer (ma 8e visite), dans le Vehicle Assembly Building (VAB), l’un des bâtiments les plus imposants jamais construits. Haut de 160 mètres et d’un volume de 3,66 millions de mètres cubes, il domine le paysage du Kennedy Space Center. À l’intérieur, nous avons découvert le premier étage central de la fusée Artemis 2, un gigantesque cylindre de 10 mètres de diamètre, recouvert de son isolant thermique orange caractéristique. Dans un autre hall, les deux boosters latéraux à propergol solide attendaient leur assemblage final. En sortant du bâtiment, le cône supérieur du premier étage d’Artemis 2, également revêtu de cette teinte orangée, reposait sur sa plateforme de transport. Malgré leur envergure impressionnante, tous ces éléments restaient dissociés, chacun enfermé dans son imposante structure métallique en attendant l’intégration finale de la fusée.

Aspect monumental
À l’intérieur, le VAB a conservé son aspect monumental, mais quelques touches de modernité s’y glissent. Les nouvelles infrastructures, comme les échafaudages et plateformes de travail, apportent un peu de couleur et de contraste dans cet univers industriel dominé par l’acier et le béton. Pourtant, l’essence du lieu demeure inchangée. Les immenses poutres métalliques, les structures vieillies par le temps et les murs marqués par des décennies d’histoire rappellent que ce bâtiment a vu défiler les grandes épopées spatiales, d’Apollo à Artemis.
Et puis, il y a cette odeur familière, un mélange de poussière et de rouille, qui flotte encore dans l’air. Une empreinte du passé qui semble s’accrocher aux parois, témoin silencieux des décennies d’assemblages et de lancements.

Confiance sereine
Malgré l’effervescence autour du programme Artemis et la montée en puissance de Starship, que certains voient comme un concurrent indirect, l’ambiance à l’intérieur du VAB n’avait rien de stressant. Loin d’une agitation fébrile, on percevait plutôt une atmosphère calme et concentrée, comme si chacun était pleinement ancré dans sa mission.
Les personnes que nous avons interrogées affichaient une confiance sereine quant à l’avenir du Space Launch System (SLS), la fusée d’Artemis. Sans surprise, elles étaient convaincues que le programme lunaire de la NASA ne serait pas relégué au second plan au profit de Mars. Certes, Starship pourrait jouer un rôle clé dans l’exploration interplanétaire, mais Artemis reste la pierre angulaire du retour humain sur la Lune. L’un n’exclut pas l’autre.
Rust, Boosters, and Lunar Confidence
Between past and future, Kennedy Space Center keeps making history. Orion is ready, Artemis 2 is coming together, and inside the VAB, rust and fresh scaffolding coexist in a delicate balance. No stress, just one clear mission: back to the Moon—whether Starship likes it or not.

On March 7, we got the chance to visit the Neil Armstrong Operations and Checkout Building (O&C), a landmark at the Kennedy Space Center (KSC). Originally called the Manned Spacecraft Operations Building, it was renamed in 2014 to honor Neil Armstrong. This facility has seen it all—from Apollo command and lunar modules in the 1960s to Skylab and Apollo-Soyuz in the following decades.
Today, it has been fully modernized for the assembly and testing of Orion, NASA’s next-gen spacecraft. And there it was—the fully integrated Orion capsule, securely mounted on its European Service Module (ESM), built by the ESA. A sight to behold, especially for me, having witnessed its earliest assembly stages. Security was noticeably tighter this time—a small but telling sign of the high-stakes work happening inside.
Then came the VAB—my eighth time stepping into this cathedral of rocketry. Towering at 160 meters with a mind-blowing volume of 3.66 million cubic meters, it still dominates KSC’s skyline. Inside, we got an up-close look at Artemis 2’s massive 10-meter-diameter core stage, covered in its signature orange insulation. Nearby, the solid rocket boosters were waiting for their big moment. And just outside, resting on its transporter, sat the cone section of Artemis’ first stage, glowing in that same familiar orange. Yet, despite their sheer size, these colossal components remained apart, locked within their respective metallic frames, awaiting final integration.
A Building That Wears Its History
The VAB still feels as monumental as ever, but new platforms and scaffolding add splashes of color and contrast to this industrial temple of steel and concrete. But make no mistake—the soul of the place hasn’t changed. The massive steel beams, aging structures, and walls etched with history serve as a reminder of the legends that have passed through here—from Apollo to Artemis.
And then there’s that familiar scent—a mix of dust and rust, lingering in the air like a whisper from the past. It’s the smell of decades of assembly, engineering, and liftoffs—a silent witness to humanity’s greatest spacefaring ambitions.
Calm in the Face of Competition
With Artemis ramping up and Starship making waves, some might expect tension in the air. Instead? Calm. Confidence. Focus. The people we spoke with showed no signs of panic over the supposed "competition" between NASA’s SLS and SpaceX’s behemoth.
No surprise there—they firmly believe Artemis isn’t going anywhere. While Starship may play a crucial role in deep-space exploration, NASA’s Moon plans aren’t about to be sidelined in favor of Mars. One mission doesn’t cancel out the other. Both are part of the same future—whether Twitter debates agree or not.
Final Countdown
With Artemis 2 gearing up and Starship stealing headlines, the race for the next great leap in spaceflight is officially on. But inside KSC, there’s no rush—just steady hands, sharp minds, and an unwavering goal. The Moon is calling. And if history tells us anything, NASA isn’t in the habit of leaving calls unanswered.
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