En patin à glace sur une lune de Jupiter ?
Dernière mise à jour : 20 oct.
Actuel directeur du département Space de l'EPFZ et administrateur scientifique de la NASA (2016 à 2022), le Professeur Docteur Thomas Zurbuchen d’origine bernoise était au lancement d’Europa Clipper. Peut-on patiner sur un lac glacé d’une Lune de Jupiter, Europe ? Je me suis posé la question.
| ENGLISH BELOW | Cape Canaveral, October 17, 2024
Avez-vous déjà tenté de patiner sur un lac gelé ? En Suisse, cela peut arriver, mais ces derniers hivers, c’est plutôt rare à cause du fameux réchauffement climatique qui fait beaucoup parler de lui. Pas de souci, si vous avez raté votre chance, vous pourrez toujours aller faire un tour sur la lune de Jupiter, Europa, qui est presque entièrement glacée. Et, tout comme notre bonne vieille Terre, elle cache sous sa surface glaciale... de l’eau ! Enfin, c’est ce que l’on suppose, grâce aux passages de sondes spatiales comme Pioneer 10-11 (1973-74), Voyager 1-2 (1979) ou encore Galileo (1995-2003). Par contre, l’eau d’Europa serait plutôt salée, pas idéale pour votre café du matin... Depuis, on attend confirmation, et c’est là que la sonde Europa Clipper entre en jeu : elle a décollé le 14 octobre 2024 en direction de Jupiter pour nous éclairer enfin sur cette mystérieuse lune glacée.
Ma vidéo, lancement d'Europa Clipper le 14 octobre 2024
Salinité, composition, profondeur
Si de l’eau salée se confirme, Europa Clipper ne s’arrêtera pas là. Le satellite se lancera dans une série d’analyses approfondies : salinité, composition, profondeur… Et, qui sait, peut-être qu’on découvrira les ingrédients nécessaires à la vie dans cet océan lointain. Alors, pourquoi ne pas laisser les rêveurs imaginer la découverte d'une forme de vie, même toute simple ? Après tout, ce serait un sacré scoop, non ?
Comme le vulgarise Thomas Charpenet, dans un Post de la plateforme LinkedIn, la mission ne se limite pas à la chasse aux petites créatures. Europa va être passée au crible sous tous les angles : sa surface, sa géologie, sa topographie… Bref, un bon lifting spatial. Et pour couronner le tout, le satellite essayera de percer les mystères des geysers qui propulsent des particules depuis les profondeurs de la lune, comme un feu d’artifice cosmique.
Et si vous pensiez qu’on en avait fini, détrompez-vous ! Cette mission vient compléter celle de JUICE, lancée le 14 avril 2023 par l’ESA, le CNES et le CNRS. Arrivée prévue autour de Jupiter entre 2031 et 2032. Les objectifs sont similaires à ceux d’Europa Clipper, sauf que, cette fois, c’est Ganymède qui sera dans le viseur… après quelques petits tours autour de Jupiter, Europe et Callisto. Une sorte de grand tour lunaire en somme !
Zurbuchen, originaire de Heiligenschwendi
Cela dit, revenons au 14 octobre 2024, jour du lancement. Au News Center du Kennedy Space Center (KSC), j’ai eu la chance de croiser Thomas Thomas Zurbuchen. Oui, notre Thomas... de Suisse ! Quelle fierté de rencontrer cette grande figure à Cap Canaveral en personne. Pour ceux qui ne le connaissent pas (ou qui auraient vécu sur une autre planète), Thomas Zurbuchen, né en 1968 à Heiligenschwendi, dans le canton de Berne, est un astrophysicien suisse-américain. Il a été le cerveau scientifique de la NASA de 2016 à 2022, supervisant pas moins de 37 missions spatiales, y compris le fameux télescope spatial James Webb et les atterrissages de Mars avec Perseverance et son petit compagnon volant, Ingenuity. Aujourd'hui, il est de retour chez nous à l’EPFZ, où il chapeaute des programmes spatiaux tout en formant la prochaine génération de têtes brûlées prêtes à conquérir les étoiles. Pas mal, non ?
Décisions délicates
« C’est un privilège de suivre ce lancement ici à Cap Canaveral, car j’ai travaillé sur ce projet », m’a confié Thomas Zurbuchen. En effet, en tant que directeur scientifique de la NASA, il a supervisé plusieurs aspects cruciaux du projet Europa Clipper. Il a dû prendre des décisions délicates, notamment celle d’annuler l'instrument ICEMAG en raison de dépassements de coûts répétés. Zurbuchen tenait cependant à trouver une alternative plus simple et moins coûteuse, capable de fournir des données comparables.
Malgré ce choix difficile, il a réaffirmé l'engagement de la NASA envers le projet dans son ensemble. ICEMAG a donc été remplacé par un magnétomètre, qui, comme son nom l’indique, mesurera le champ magnétique d’Europe. Cet instrument jouera un rôle clé en confirmant l'existence, la salinité et la profondeur de l'océan caché sous la glace, tout en déterminant l'épaisseur de la couche glacée.
« Même sans ICEMAG, la suite d'instruments scientifiques d'Europa Clipper peut offrir aux chercheurs des données précieuses sur l'océan d’Europe et l'épaisseur de sa glace. Avec un magnétomètre plus simple, ces objectifs ont toutes les chances d’être atteints », a précisé la NASA dans un communiqué de presse.
Océans salés, geysers cosmiques
Alors, prêts à embarquer pour un voyage glacé vers Europa ? Entre mystères magnétiques, océans salés et geysers cosmiques, cette mission promet de nous en faire voir de toutes les couleurs… enfin, surtout du bleu et du blanc. Qui sait, peut-être qu'un jour, on ira patiner là-bas, en attendant de rencontrer nos nouveaux voisins interstellaires !
Ice Skating on a Moon of Jupiter?
Currently the Director of the Space Department at ETH Zurich and former NASA Chief Scientist (2016-2022), Swiss-born Professor Dr. Thomas Zurbuchen was present at the launch of Europa Clipper. Can we ice skate on a frozen lake on Jupiter’s moon, Europa? I asked myself that very question.
Have you ever tried ice-skating on a frozen lake? In Switzerland, you can sometimes do that in winter, though it’s been pretty rare lately thanks to that well-known warming trend everyone’s talking about. But if you missed your chance, don’t worry—you can always head over to Jupiter’s moon, Europa, which is almost entirely covered in ice. And, just like on our good old Earth, beneath its frozen surface, there’s water! At least, that’s what we think, thanks to past flybys from spacecraft like Pioneer 10-11 (1973-74), Voyager 1-2 (1979), and Galileo (1995-2003). The catch? Europa’s water is probably salty—not exactly what you’d want in your morning coffee. Now, after all this time, we’re finally looking for confirmation, which is why the Europa Clipper spacecraft set off on October 14, 2024, heading for Jupiter to unlock more of this icy moon’s secrets.
Salinity, Composition, Depth
If salty water is indeed there, Europa Clipper will dive right into a series of detailed analyses: salinity, composition, depth… And who knows? Maybe we’ll discover the perfect ingredients for life in that distant ocean. So, why not let dreamers imagine finding some form of life—even if it’s just a tiny microbe? After all, wouldn’t that be quite the headline?
But the mission doesn’t stop with the search for little critters. Europa will be thoroughly examined from all angles: its surface, geology, topography… basically, the satellite’s in for a cosmic makeover. And on top of that, Clipper will try to unravel the mystery behind the geysers shooting particles into space from Europa’s deep interior, like some kind of celestial fireworks display.
And if you thought that, was it, think again! This mission complements JUICE, launched on April 14, 2023, by ESA, CNES, and CNRS. It’s expected to arrive around Jupiter in 2031-2032. The goals are similar to Europa Clipper, except this time it’s Ganymede in the spotlight… after a few orbits around Jupiter, Europa, and Callisto. It’s like a grand lunar tour!
Zurbuchen, Originally From Heiligenschwendi
Now, let’s go back to October 14, 2024, launch day. At the Kennedy Space Center (KSC) News Center, I had the pleasure of meeting Thomas Zurbuchen. Yes, our very own Thomas... from Switzerland! It was such a thrill to meet this prominent figure right here at Cape Canaveral. For those who don’t know him (or maybe have been living on another planet), Thomas Zurbuchen, born in 1968 in Heiligenschwendi, Canton of Bern, Switzerland, is a Swiss-American astrophysicist. From 2016 to 2022, he was NASA’s scientific mastermind, overseeing a whopping 37 space missions, including the famous James Webb Space Telescope and the Mars landings of Perseverance and its flying sidekick, Ingenuity. These days, he’s back home at ETH Zurich, heading up space programs and training the next generation of trailblazers ready to reach for the stars. Not too shabby, right?
Tough Decisions
"It's a privilege for me to witness this launch here at Cape Canaveral, as I’ve worked on this project," Thomas Zurbuchen told me. As NASA's Science Director, he oversaw several key aspects of the Europa Clipper mission. One of the tough decisions he had to make was to cancel the ICEMAG instrument due to repeated cost overruns. However, Zurbuchen was determined to find a simpler and more cost-effective alternative that could still provide comparable data.
Despite the difficult decision, he reaffirmed NASA's commitment to the overall Europa Clipper mission. ICEMAG was replaced with a magnetometer, which, as its name suggests, will measure Europa’s magnetic field. This instrument will be key in confirming the existence, salinity, and depth of Europa’s hidden ocean, as well as determining the thickness of its icy crust.
"Even without ICEMAG, Europa Clipper's suite of scientific instruments can provide researchers with valuable insights into the ocean’s properties and the thickness of the ice layer. With a simpler magnetometer, these goals are even more achievable," a NASA press release said.
Salty Oceans, Cosmic Geysers
So, are you ready to embark on an icy journey to Europa? With magnetic mysteries, salty oceans, and cosmic geysers, this mission promises to show us quite the spectacle… mostly in shades of blue and white. Who knows? Maybe one day we’ll be skating out there, waiting to meet our new interstellar neighbors!
My last pics before my come-back to Switzerland
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