Coup de pression pour aller sur Mars
Dernière mise à jour : 3 août
Un gros groupe français dissèque l’air et le transforme en azote haute pression à travers des pipelines afin d’alimenter les fusées. Pour aller sur Mars, il va donc falloir beaucoup d’air.
[Cape Canaveral, July 31, 2024, English below] – On y passe souvent lorsqu’on se rend au petit bâtiment d’un étage appelé « Press Accreditation » où lorsqu’on veut prendre un raccourci pour se rendre à Cocoa. Là, sur la « route d’État » SR3, se tient aussi, en face de ce centre de presse souvent désert, l’entreprise Air Liquide. Un nom bien français. Cette usine, reconnue mondialement pour son expertise en gaz industriels et médicaux, possède une installation clé qui assure la réussite des missions spatiales.
De l’azote, aussi pour les lancements
Dans un récent communiqué Air Liquide Large Industries U.S. LP (« Air Liquide ») indique que la NASA a renouvelé son accord avec elle pour la fourniture d'azote et de services connexes de soutien au lancement de pipelines pour les programmes spatiaux actuels et futurs de la NASA. Depuis 1968, l'usine d'Air Liquide fournit du personnel, du matériel et de l'azote gazeux au Kennedy Space Center (KSC) et à la station de l'armée de l'air de Cap Canaveral, en Floride.
Air Liquide soutient les différents programmes d'essais et de lancement du Centre spatial Kennedy en fournissant de l'azote à haute pression et à haut débit produit par son unité de séparation des gaz de l'air située sur le site. L'azote fourni à la NASA par Air Liquide est utilisé quotidiennement et lors des séquences de lancement.
265 tonnes de gaz liquéfiés par jour
Les activités d'Air Liquide à Cap Canaveral comprennent une unité de séparation des gaz de l'air de 162 tonnes par jour et un liquéfacteur de 265 tonnes par jour. Les pipelines associés et les systèmes de soutien au lancement qui dépendent des usines de gaz aident la NASA, l'Armée de l'air américaine et les opérations de lancement commercial qui utilisent le Centre spatial Kennedy. Les gaz excédentaires, tels que l'oxygène en vrac et l'azote liquide, produits par l'installation sont utilisés pour alimenter une variété d'applications industrielles et médicales dans la région, en dehors du programme spatial.
Comment transformer l’air en liquide ?
En gros, transformer l'air en liquide est un processus très élaboré, qu’on pourrait résumer en 5 étapes :
Compression :L'air ambiant est d'abord aspiré et comprimé à haute pression. Cette compression augmente la température de l'air.
Refroidissement :L'air comprimé est ensuite refroidi à température ambiante, souvent à l'aide d'un échangeur de chaleur.
Expansion rapide :Pui, l'air refroidi et comprimé est ensuite détendu rapidement à travers une soupape d'expansion, laquelle, rapide, provoque une baisse significative de la température, refroidissant davantage l'air.
Cyclage dans le circuit de liquéfaction :Ce processus de compression, refroidissement et expansion est répété plusieurs fois dans un circuit de liquéfaction. À chaque cycle, l'air devient de plus en plus froid jusqu'à ce qu'il atteigne des températures cryogéniques.
Séparation des composants :À des températures extrêmement basses, les différents composants de l'air (azote, oxygène, argon, etc.) se liquéfient à des points différents. Ils peuvent alors être séparés par distillation fractionnée, où chaque composant est collecté sous forme liquide.
Air Liquide : usa.airliquide.com
Franchir sur Mars les portes de l’espace
En marge de ce sujet d’Air Liquide, j’ai le plaisir de vous signaler, étant dans l’air du temps à Cap Canaveral, la sortie d’un livre scientifique concis, vulgarisé et visionnaire.
Dans cet ouvrage de 268 pages (14cm × 20cm), Pierre Brisson évoque un voyage sur Mars grâce aux moyens actuels, lesquels ne manquent pas d’ambition. Avec une plume incisive et remarquablement concise tout en étant accessible, « Franchir sur Mars les portes de l'espace » fait le point sur nos connaissances en astronomie, en astronautique, en géologie martienne, en exobiologie et en ingénierie pour milieux extrêmes. Ce livre, à la fois rêveur et visionnaire, reste ancré dans le réalisme.
Dans cet essai, Pierre Brisson démontre qu'il est possible d'envisager de s'installer sur Mars à condition de minimiser les effets des radiations et d'utiliser le Starship de SpaceX. Une fois sur place, l'homme pourrait devenir une espèce multiplanétaire. En 1995, Pierre Brisson découvre le projet martien de Robert Zubrin à la lecture de son ouvrage « The Case for Mars ». Cette découverte ravive sa passion pour la géographie physique. En 2009, il fonde la Mars Society Suisse et, à partir de 2015, écrit des articles pour son blog « Exploration spatiale », publiés par le journal « Le Temps » jusqu'en juin 2023, puis à titre personnel.
Aux éditions « Le Lys Bleu », Paris
· Parrainage : Swiss Engineering
· Soutien : Association spatiale suisse (SRV) - www.srv-ch.org
High Pressure for the Journey to Mars
A major French group dissects air and transforms it into high-pressure nitrogen through pipelines to power rockets. To get to Mars, you're going to need a lot of air.
When heading to the small one-story building known as "Press Accreditation" or taking a shortcut to Cocoa, one often passes by Air Liquide on State Route SR3. This company, well-known for its expertise in industrial and medical gases, operates a crucial facility that ensures the success of space missions.
Nitrogen for Launches
In a recent announcement, Air Liquide Large Industries U.S. LP stated that NASA has renewed its agreement with Air Liquide for the supply of nitrogen and related pipeline launch support services for current and future NASA space programs. Since 1968, Air Liquide's plant has provided personnel, equipment, and gaseous nitrogen to the Kennedy Space Center (KSC) and the Cape Canaveral Air Force Station in Florida. Air Liquide supports the Kennedy Space Center's various testing and launch programs by supplying high-pressure, high-flow nitrogen produced by its on-site air separation unit. The nitrogen provided by Air Liquide is used daily and during launch sequences.
265 Tons of Liquefied Gas Per Day
Air Liquide's operations at Cape Canaveral include a 162-ton-per-day air separation unit and a 265-ton-per-day liquefier. The associated pipelines and launch support systems help NASA, the U.S. Air Force, and commercial launch operations using the Kennedy Space Center. Excess gases, such as bulk oxygen and liquid nitrogen produced by the facility, are used to power a variety of industrial and medical applications in the region, outside of the space program.
Air Liquide : usa.airliquide.com
How to Turn Air into Liquid
Turning air into liquid is a sophisticated process that can be summarized in five steps:
Compression: Ambient air is first drawn in and compressed at high pressure, increasing its temperature.
Cooling: The compressed air is then cooled to ambient temperature using a heat exchanger.
Rapid Expansion: The cooled, compressed air is quickly expanded through an expansion valve, significantly dropping its temperature and cooling the air further.
Cycling in the Liquefaction Circuit: This process of compression, cooling, and expansion is repeated several times in a liquefaction circuit. With each cycle, the air becomes progressively colder until it reaches cryogenic temperatures.
Component Separation: At extremely low temperatures, the different components of air (nitrogen, oxygen, argon, etc.) liquefy at different points. They can then be separated by fractional distillation, with each component collected in liquid form.
Crossing the Space Frontier on Mars
In conjunction with Air Liquide's operations, I am excited to announce a new scientific book that is both concise and visionary:
In his 268-page work, Pierre Brisson discusses a journey to Mars using current means, which are ambitious indeed. With a sharp and remarkably concise yet accessible writing style, "Crossing the Space Frontier on Mars" reviews our knowledge in astronomy, astronautics, Martian geology, exobiology, and engineering for extreme environments. This book, both dreamy and visionary, remains grounded in realism.
In this essay, Pierre Brisson demonstrates that it is possible to consider settling on Mars if the effects of radiation are minimized and SpaceX's Starship is used. Once there, humans could become a multiplanetary species. In 1995, Pierre Brisson discovered Robert Zubrin's Martian project by reading his book "The Case for Mars." This discovery rekindled his passion for physical geography. In 2009, he founded the Mars Society Switzerland and, starting in 2015, wrote articles for his blog "Exploration Spatiale," published by the newspaper "Le Temps" until June 2023, and then personally.
Published by "Le Lys Bleu" Editions, Paris
· Sponsor: Swiss Engineering
· Support: Swiss Space Association (SRV) - www.srv-ch.org
Comments