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Photo du rédacteurRoland J. Keller

Étincelle lunaire

Dernière mise à jour : 6 août

Artemis part dans un ciel ocre embrasant l’horizon d’une couleur jaune pâle qui, mélangée à la brume, ressemble à un tableau d’artiste peint à la gouache.



[Cap Canaveral, Nove,ber 18, 2022] – Au premier coup d’œil, tout est perceptible. Au loin, à un peu plus de 3miles ou 5km pile en face de nous, Artemis est bien illuminée par les projecteurs. Et, tout à coup, trois secondes avant qu’elle ne se soulève, je perçois la première étincelle qui allume les moteurs et mon enthousiasme. Je sue de toutes parts. Non pas que ce soit la chaleur proprement dite qui me fasse transpirer, mais l’humidité qui envahit tout le site. Mes deux appareils sont posés à ma droite sur un petit mur, l’autre en main. Le ciel est dégagé, mais brumeux. Pas de vent, pas d’énervement. Sauf que, si, J’ai les mains m’ouates, mes doigts glissent sur l’objectif. Je peine à régler la netteté. Cela me perturbe, mais, tant pis, j’y vais ! Je presse sur le bouton de déclenchement de mon Canon R3. En silence. Fini les cliquetis des clics-clacs.


Pour mon 40e lancement photographique rugissant, la fusée Artemis s’est envolée mercredi 16 novembre 2022 à 1h47 locale, 7h47 suisse, avec 43 minutes de retard dans une fenêtre de lancement de 2 heures

En direct sur RFJ et sur mon objectif

Je mitraille, mais personne n’entend rien, alors qu’autour de moi les crépitements des autres boitiers des photographes me déconcentrent. J’arrive quand même à photographier et cela semble bon. En même temps je m’emporte, écouteurs aux oreilles, sur mes impressions, en ligne sur la radio suprarégionale suisse RFJ. Je suis en direct, mais m’en rends même compte, tellement je suis excité par le décollage. Artémis s’élève. Je pense à régler la vitesse d’obturation, car la lumière devient plus intense. 3'900 tonnes de poussées sont nécessaires pour soulever cet engin. À +3 secondes, Artemis s’arrache si vite qu’on n’a presque pas le temps de la suivre. Cela me rappelle mes 40 décollages vécus. Bigre, je dois quand même savoir photographier une fusée ? Mais non, c’est toujours une autre rengaine. On a beau avoir de l’expérience. En photo, qui peut dire s’être toujours assuré de son coup ? J’attends avec impatience le grondement assourdissant des moteurs qui viennent finalement couper le silence du site. 


Flou, net, flou…

Et là, après 20 secondes, cela commence de pétarader. Le ciel ocre s’illumine de toutes parts. Il s’embrase d’une couleur jaune pâle qui, mélangée à la brume, ressemble à un tableau d’artiste peint à la gouache. Ah non, c’est trop dur de fixer la tache lumineuse de la fusée, c’est si flou. J’y arrive à peine. Plus possible d’attraper mon deuxième boîter avec un grand angle. Il est trempé d’humidité. Je veux capter l’horizon. Tant pis, je lève le nez au ciel, la tête penchée à l’extrême pour apercevoir Artemis qui a percé un nuage. On la voit encore peu tout là-haut. Elle file trop vite, si vite que je suis soulagé. On est soulagé. Artemis est partie, enfin !

Lunar Spark


Artemis leaves in an ocher sky setting the horizon ablaze with a pale-yellow color that, mixed with the haze, looks like an artist's painting done with gouache.


At first glance, everything is perceptible. In the distance, a little more than 3 miles or 5km in front of us, Artemis is well illuminated by the spotlights. And, suddenly, three seconds before she lifts off, I see the first spark that ignites the engines and my enthusiasm. I sweat all over. Not that it is the heat itself that makes me sweat, but the humidity that invades the whole site. My two cameras are on my right on a small wall, the other in my hand. The sky is clear, but misty. No wind, no nerves. Except that, yes, my hands are wet, my fingers slip on the lens. I struggle to adjust the sharpness. It disturbs me, but never mind, I go ahead! I press the release button of my Canon R3. In silence. No more clicks and clacks.


Live on RFJ and on my lens

I shoot, but nobody hears anything, while around me the crackling of other photographers' cameras distracts me. I still manage to shoot, and it looks good. At the same time, I am getting carried away, headphones in my ears, about my impressions, online on the Swiss supra-regional radio RFJ. I'm live, but I don't even realize it, I'm so excited about the take-off. Artemis is rising. I think of adjusting the shutter speed, as the light becomes more intense. Three thousand nine hundred tons of thrust is needed to lift this thing. At +3 seconds, Artemis pulls away so fast that there is almost no time to follow it. This reminds me of my 40 takeoffs. I must know how to photograph a rocket, no ? But no, it's always another story. It's all very well to have experience. In photography, who can say that he is always sure of his shot? I wait impatiently for the deafening roar of the engines that finally cut the silence of the site. 


For my 40th roaring photographic launch, Artemis took off on Wednesday, November 16, 2022, at 1:47 a.m. local time with 43 minutes of delay in a launch window of 2 hours

Blur, sharp, blur...

And there, after 20 seconds, it starts to backfire. The ocher sky lights up on all sides. It blazes with a pale-yellow color which, mixed with the mist, looks like an artist's painting painted with gouache. Oh no, it is too hard to fix the luminous spot of the rocket, it is so blurred. I can hardly do it. I can't catch my second box with a wide-angle lens. It is soaked with moisture. I want to capture the horizon. Too bad, I raise my nose to the sky, my head bent to the extreme to see Artemis who broke through a cloud. We still see her little up there. It goes by too fast, so fast that I am relieved. We are relieved. Artemis is gone, finally!





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Bonne lecture !

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